Si vous me suivez sur Instagram, vous avez sans doute vu passer le weekend dernier un petit post et une ou deux stories sur le sujet. Sinon, pas de souci, c’est ici que je vous raconte tout !
Dans le cadre de mon métier, mais pas seulement, je m’intéresse de près aux différentes pratiques qui tournent autour de l’outdoor, de la sécurité et de la formation. J’ai pu rencontrer à plusieurs reprises des passionné(e)s de nature, des explorateurs et quelques « survivalistes ». Je mets ce terme entre guillemets car il fait souvent référence à un groupe de personnes se préparant à la fin du monde plutôt qu’à de vrais amoureux de la nature, ce qui n'est pas le cas de ceux que j'ai cotoyé. Mais bref.
En ce qui me concerne, ce n’est pas tant l’aspect « préparation aux catastrophes » qui m’attire, mais bel et bien l’idée de revenir un peu aux bases, de réapprendre des choses que l’humain a oublié. Force est de constater, en effet, que nous sommes bien démunis lorsque nous nous retrouvons en forêt, en montagne ou ailleurs, sans nos outils technologiques, amis de notre quotidien souvent urbain. Nous ne sommes définitivement pas chez nous lorsque la civilisation disparaît, lorsque la nuit tombe, et lorsque nous nous écartons des sentiers battus et indiqués sur les cartes (et que notre téléphone GPS n’a plus de batterie) !
L’idée ici n’est pas seulement d’apprendre à survivre aux dangers de la nature, mais de s’entraîner à mieux lire son environnement, pouvoir déceler les petites choses qui rendent autonome en milieu naturel un peu « hostile » et tirer profit (dans le respect !) de ce que les différents biotopes peuvent offrir.
Je vous l’accorde, la thématique a en ce moment le vent en poupe, à l’instar des différentes émissions télé et séries qui présentent ces aventuriers comme des héros capables de tout, revenant parfois à des comportements primitifs et animaux pour survivre dans des conditions plus que défavorables à l’être humain, petite graine de sable dans le désert !
Mon intérêt pour le sujet est bien plus ancien, et si je vous parle aujourd’hui de mon expérience, c’est indépendamment de cette nouvelle tendance. Quoi qu’il en soit, je me suis dit que cela pourrait vous parler, et peut être vous donner envie, car passer 24 heures (ou plus) en pleine forêt m’aura apporté plus que des notions de base en survie.
Sur le même modèle que les précédents « J’ai testé », je vous propose donc aujourd’hui de découvrir le stage sur 2 jours, Niveau 1, de Time on Target. Excusez-moi pour la qualité des photos, je n'ai emmené avec moi que mon téléphone portable :(
Vous êtes prêts ?
Le stage survie avec Time on Target, c’est quoi ?
Time on Target est basé dans la région de Dijon, mais offre des formules de stages sur différents sites, principalement dans la partie Est de la France (Lyon, Dijon, Jura et Doubs), et à l’étranger.
Les stages durent d’une journée (sans nuit dehors) à plusieurs jours et sont classés en niveaux (du 1 au 3). Certains stages sont thématiques (grand froid, survie urbaine, cueillette, etc.) ou plus génériques, regroupant différents ateliers. L’expérience est accessible à tous et ne nécessite en principe pas de capacités physiques particulières même si, je l’avoue, une petite forme physique facilite quand même l’exercice. Les stages ont lieu toute l’année et le climat importe peu, car le maître mot, c’est l’adaptation !
Time on Target organise également des stages « sur mesure » pour des entreprises ou des particuliers, et propose des expéditions à l’étranger, dans des milieux un peu plus complexes.
Pour toutes les infos sur les différents stages et les fondamentaux couverts par les formations, je vous invite à consulter cette page, sur leur site internet.
En pratique
C’est à 9h du matin ce samedi que j’ai rejoint mes futurs co-équipiers, sur le parking d’une église, dans un petit village perdu de Bourgogne. J’avais reçu en amont quelques indications, l’adresse, et la liste de l’équipement à prévoir pour cette « expédition ».
Une fois les présentations faites (je suis ravie, tout le monde a l’air très sympa et bienveillant), Damien, le moniteur (et co-directeur de Time on Target), nous demande d’ouvrir nos sacs à dos et d’en vider le contenu sur le sol. Nous passons notre équipement en revue… il est l’heure d’alléger nos paquetages car bien entendu, nous avons tous pris beaucoup de choses inutiles ! Exit les vêtements de rechange et autres gadgets. Nous ajoutons à nos chargements quelques éléments fournis par Damien (un tarp, une boussole, une carte, une ration de survie, etc). Je suis en charge de porter la grande corde de 40 mètres. Pas de pression, mais je dois en prendre soin car elle nous servira plus tard !
Nous sommes répartis en binôme. Va falloir s’entendre et se coordonner ! Ça fait partie de la survie, ça aussi, on est plus forts à deux (ou à 10) que tout seul.
On commence la marche, et au bout d’un petit kilomètre, on fait un point topographie. On apprend à manier la boussole et la carte, à repérer les infos dans le panorama et sur la map, à lire les légendes et à comprendre les symboles. On capte vite que ça risque de grimper un peu, et qu’on croisera différents éléments sur notre route, ruisseaux, trous d’eau et forêts plus ou moins denses.
Chaque binôme, à tour de rôle, sera en charge d’amener le groupe au point suivant, et nous pratiquerons tous l’orientation, mettant à l’épreuve nos sens dans un cadre dénué (en apparence) de points de repère.
Les ateliers s’enchaînent et la journée file comme si de rien n’était.
Dans le désordre : on repère les points d’eau et on apprend à la traiter, on construit (et déconstruit, car c’est interdit ou strictement réglementé) des collets et on apprend les rudiments du piégeage. On construit un hamac de fortune entre 4 arbres, on met en place une civière pour transporter notre fausse blessée, et on pratique les nœuds. Cabestan, demi-cabestan, patte de chien, nœud d’arrêt… Certains terminent avec le cerveau un peu embrouillé, mais nous aurons plus tard l’occasion de pratiquer!
(Merci Fanny pour les photos)
L’étape du feu est symbolique pour beaucoup d’entre nous. Armés d’un simple firesteel, Damien nous donne une petite demi-heure pour allumer une flamme et la conserver plus de 5 minutes. Go !
L’atmosphère est humide, les matériaux ramassés ne sont pas les bons, et pourtant, la fumée se dégage parfois de notre tas de bois et de mousse. On gratte des copeaux de magnésium, on essaye de faire des étincelles. C’est l’échec. L’odeur de feu qui se dégage du brasier que Damien a allumé, dans notre dos, en moins de 3 minutes, nous motive. On fait une pause. Il nous explique et nous indique ce qu’il faut ramasser pour faire démarrer la machine ! On part à la cueillette. Malheureusement, mon binôme et moi, malgré le bon matériau, on n’y arrivera pas ! Tant pis, on réessayera ce soir au bivouac. Il est l’heure de remballer, de cacher toutes nos traces, et de passer à l’étape suivante.
On marche encore. Quelques gouttes de pluie viennent nous forcer à enfiler les capes. On grimpe.
Damien nous dit de poser nos sacs. Il me demande la corde. Nous sentons que les choses vont se corser! On l’aide à tendre la corde et à l’attacher à deux grands troncs, de part et d’autre du chemin, qui se situe dans une petite combe. Maintenant, le franchissement ! En gros, il va nous falloir passer d’un coté à l’autre, à plusieurs mètres du sol. Damien nous fait la démo, et ça parait presque facile. Erreur.
Nous passons tous, tour à tour, avec plus ou moins de grace. Je me sens lourde et la corde me fait mal. Mais d’expérience, je sais que ce genre de douleurs disparaît vite avec la pratique, une fois que le corps a en mémoire les points de pression et de friction. Ça brûle un peu, j’aurai quelques bleus, mais ce n’est rien à côté de la satisfaction de l’avoir fait !
(ce n'est pas moi!)
(Ça, c'est moi. Grâce et élégance en toute situation^^)
Rencontres intéressantes et franchissement. Photos by Fanny
On repart, on commente nos "exploits personnels" et on se dirige vers notre site de bivouac.
Il est déjà 17h lorsque nous arrivons dans la partie de la forêt qui nous entendra (on l’espère !) ronfler ! Nous avons un peu faim, la barre de céréales de midi est loin.
Chaque binôme identifie son spot et nettoie son espace des cailloux et ronces diverses. On tend les tarps, proches du sol, entre deux arbres. Il faut ensuite récolter le plus de mousse possible pour en faire un tapis de sol. Certains font dans le "king size" ! Mon binôme avait prévu une bâche. C’est parfait, elle nous isolera de l’humidité mais nous profiterons quand même du moelleux de cette mousse verte récoltée sur les arbres et les rochers. On se motive à monter un petit mur pour fermer l’une des extrémités du tarp. On s’interrompt pour participer à la récolte de bois et lancer le feu de camp, qui sera notre allié pour toute la soirée.
Une fois le brasier bien lancé vient l’heure de la détente. Autour du feu, nous échangeons sur nos expériences, sur nos profils, nos envies et nos vies. On construit des bancs de fortune qui finiront pas craquer, on termine les fesses parterre et les 4 fers en l’air. On rit. Nos chaussures et nos chaussettes, en séchant, fument, et de grandes volutes de vapeur se mêlent à la fumée qui tourbillonne!
La soirée avance, et les braises sont prêtes. On ouvre nos rations et on compare nos menus. Bœuf carottes, rougail de saucisses, pavé de saumon, fromage fondu en boite, chacun y va de son commentaire. A priori, les rations de l’armée française sont les meilleures. Il faut avouer que ce n’est pas si mal ! On se régale, on se réchauffe.
On papote encore, on se marre, on relance le feu et on y resterait bien toute la nuit. Mais vers 23h, Damien nous recommande de nous coucher. Il ne faut pas trop tarder à se glisser dans les duvets. Nous appréhendons tous un peu le froid, et plus nous tardons, plus il sera difficile de faire remonter la température de nos corps et de nos duvets. Je n’ai pas trop peur, je dors bien, en général, et j’ai investi dans un bon sac de couchage.
Après quelques « bonnes nuits », je sombre.
Vers 2 heures du matin, une bête pousse un cri. Elle hurle. Je n’ai pas la connaissance nécessaire pour reconnaître de quoi il s’agit. Mais cela ne me tire qu’à moitié du sommeil, et je replonge. Je me retourne plusieurs fois, et me recroqueville dans mon duvet. La nuit est plutôt paisible, et je ne me réveille que légèrement.
Enfin, vers 6h45, j’entends que ça s’agite autour de moi, que des camarades sont déjà à l’œuvre. J’ouvre l’œil. J’ai le visage à l'envers, de face dans la capuche du duvet sarcophage, je ne vois que du gris... j’ai du bien gigoter!
Lorsque mon binôme et moi-même sortons la tête, on s’aperçoit que le feu brûle déjà. J’attrape le reste de la ration et ma bouteille d’eau, et nous nous regroupons autour du feu. Tout le monde débriefe de sa nuit, plus difficile pour certains que pour d’autres. Personne, pas même Damien, n’a su identifier l’animal qui a crié. En revanche, on croit savoir d’où venaient les ronflements. Personnellement, ils ne m’ont pas dérangé ! ;)
Une fois le petit déjeuner et le café avalés, il est l’heure de démonter le campement. « Leave no trace ». On démonte les tarps, on remet la mousse en place, on disperse le bois et surtout, on s’assure que le feu ne brûle plus. On éteint les braises, et on recouvre le tout avec de la terre mouillée.
Un dernier coup d’œil pour vérifier que l’on n'a rien oublié, et on fait une photo souvenir. On se rend compte qu’on n’a pas l’air frais, et qu’il aurait peut-être été malin de la faire la veille, cette photo. Mais nous sommes tous souriants, et nous avons tous « survécu ». On est content. Damien nous dit qu’on doit se mettre en route car il nous reste encore pas mal de kilomètres à parcourir pour retourner aux voitures. L’aventure touche bientôt à sa fin, mais il faut retrouver notre chemin. On ressort cartes et boussoles, et on coupe à travers bois.
On marche, tantôt en silence tantôt en papotant, on se raconte des histoires de voyage. On évite les énormes escargots qui sont de sortie sur les chemins, les limaces et les vers de terre. Nous ne sommes pas seuls par ici, les oiseaux chantent et le soleil donne aux sous-bois des couleurs magiques, la rosée mouille encore nos pantalons. On n’a pas vraiment envie que ça se termine, et malgré la fatigue et les corps vermoulus, on continuerait bien encore un peu.
Les voitures sont en vue. Nous y voilà, c’est terminé.
Nous échangeons quelques mots, Damien conclut et nous remercie. Nous retournons tous les remerciements, à Damien, et au groupe. La super ambiance qui a su s’installer entre nous est à la hauteur de nos attentes. On a bien ri, on a appris. On s’assure que les emails sont notés. On s’enverra les photos, promis ! Et pourquoi pas, on se retrouvera pour un autre stage.
Je suis un peu triste de quitter le groupe, de reprendre la route. Ça crée des liens, ce genre d’expérience, je le sais. En tant que formatrice, je suis toujours un peu tristoune de voir se terminer une session, mais c’est encore plus vrai en tant que participante. Un peu comme une mini-colo qui se termine, on se dit au revoir, on espère se recroiser, même si on sait que les probabilités sont faibles, en vrai…
Le retour à Lyon se fait tranquillement, je roule, un sourire sur les lèvres. C’était une chouette aventure, et je le sens, ce n’est que le début !
Mes impressions
Je pense que vous l’aurez compris au travers de mon récit… Cette expérience, que je voulais réaliser depuis longtemps, ne m’a pas déçue, loin s’en faut. J’ai appris beaucoup de choses. Il va falloir les mettre en pratique régulièrement pour les maîtriser, mais les bases sont solides.
J’ai particulièrement apprécié la pédagogie de Damien, sa gentillesse et sa bienveillance dans la transmission du savoir. Son calme. Son humour aussi. Toutes les petites anecdotes et expériences personnelles qu’il a partagées avec nous ont grandement enrichi le weekend. Merci !
Le groupe, équilibré et positif, curieux d’apprendre, a contribué à cette mise en confiance. Merci aussi à mon binôme, qui a su se montrer patient avec l’as de la machette que je ne suis pas. Avec l’as du feu et des nœuds que je ne suis pas non plus, d’ailleurs !
La marche en pleine nature (nous avons fait une vingtaine de kilomètres), la pluie par moment, le soleil parfois, le rythme des ateliers variés et tout simplement, le fait de se retrouver dehors pour 24 heures complètes, m’ont permis de vraiment déconnecter et même si j’en suis ressortie un peu fatiguée, j’étais surtout complètement ressourcée.
Je vais renouveler l’expérience bientôt, c’est certain, et j’espère pouvoir partager ces chouettes moments avec d’autres participants et moniteurs de Time on Target (à quand l’expé avec le toutou de la bande, aka mon chien préféré de l'univers ?! <3).
Pour découvrir le reste de l'équipe, c’est par là.
Donc, pour résumer
Au-delà d’un stage de survie, l’expérience est celle d’un vrai échange et d’un partage en pleine nature, avec un petit groupe d’êtres humains avides d’apprentissage, et de partage ! Je ne peux que vous recommander ce type de weekend et de stages, si vous aimez être dehors.
Il ne faut pas être trop "précieux", ne pas craindre les bestioles, le froid par moment et l’odeur de fumée, c’est sûr. Les noeuds dans les cheveux, les mains abîmées et les bleus. Ne pas avoir peur de sortir de sa zone de confort, et avoir envie de découvrir de nouvelles choses. Si vous cochez ces cases, foncez ! Si vous ne les cochez pas encore... foncez aussi!
Je n’ai pas beaucoup de points de comparaisons, mais après quelques recherches sur Internet, je crois pouvoir dire que Time on Target offre des prestas vraiment bonnes par rapport au prix, et surtout, comme je vous l’ai dit, j’en adore l’état d’esprit.
Si vous voulez en savoir plus, je vous laisse checker leur site web. Si vous avez des questions spécifiques, n’hésitez pas à me les poser ci-dessous, je pourrais me renseigner !
Un stage de survie avec Time on Target, ça vous branche? Vous venez avec moi la prochaine fois?
Les précédents « J’ai testé » : La Via Ferrata; Le yoga aérien; La course à pied; Le Stand-Up Paddle; Le Ski-câble