A Noël dernier, j’ai effectué une plongée inopinée dans mon passé. Une chambre à ranger, des cartons à vider, des souvenirs à ordonner. Dans cette boite à chaussures gardée précieusement - oh, que je les avais voulu, ces baskets de marque. Des semaines de négociation et d’économies… Bref, j’ai retrouvé des lettres, des courriers, des sms griffonnés à la lueur d’un vieux 3310. Et puis, au milieu, des feuilles volantes dont l’écriture n’était pas celles d’anciens amoureux ou d’amies d’enfance. Des feuilles volantes griffonnées de mes mots, d’une écriture un peu changeante, un coup liée, un coup détachée.
Tiens, j’écrivais.
Et puis, un carnet. Disney. Un souvenir de ce voyage à Paris que mes parents m’avaient offert. Un carnet rose et vert fluo, couvert de têtes de Mickey. C’est drôle, je me souviens que déjà à l’époque, je le trouvais très laid, ce carnet. Pourquoi l’avais-je choisi ? Pourquoi l’avais-je acheté ? Aucune idée.
J’en ai tourné les pages. J’y ai trouvé des comptes. En francs. J’y ai trouvé des dessins, maladroits. Malgré les quelques cours de pastel, je n’ai jamais été très douée pour l’art. Et puis, le début d’une pièce de théâtre. Là. Avec les personnages en gras, et les décors en italique. Une petite fille, une sorcière, un père kidnappé, un chat noir qui parle et qui conduit la jeune fille dans les profondeurs d’une forêt hantée. Quelques pages, et pas de fin. On ne saura jamais vraiment si l’histoire fini bien.
Une pochette en carton, une autre en plastique, des cours, des exercices, et des copies doubles. Du rouge, des notes. De bonnes notes. Des rédactions. Des très biens. Quelques fautes d’orthographe qui font perdre des points. Mais des histoires. Tellement d’histoires.
Des livres, sur cette étagère. Ce n’est pas leur étagère. Avant, là-bas, ils étaient autrement bien rangés, tels de précieux journaux que je collectionnais. Ces histoires d’adolescentes, ces histoires de personnages un peu perdus, des histoires quotidiennes.
Je lisais.
Aujourd’hui, il s’est passé quelque chose. J’ai écris. J’ai repris un vieux car-niais. Vieux, mais vierge. J’ai recopié ces quelques lignes griffonnées il y a des mois. J’ai recommencé et, entamé pour de bon ce carnet qui n’attendait que mes mots.
Je ne sais pas si c’est le début d’une chose qui n’aura pas de fin. Je ne sais pas si la petite fille sauvera son père des griffes de la méchante sorcière. Je ne sais pas si je vous raconterai ces histoires, toutes ces feuilles volantes, dans leur pochette nommée « Essais ». Mais, ce que je sais, c’est que là, au bout de mes doigts, stylo, papier ou clavier, s’enchaînent les mots. Je sais que là, je n’ai plus peur d’entendre ma voix. Par écrit, à l’oral, peut être les deux, parfois, j’en partagerai un peu.
Voilà.